Présentation

En pensant à Paolo Doss, je me disais qu'il fallait une grande dose d'intelligence et de perspicacité pour mesurer la largeur et la hauteur et la profondeur de son travail; il n'est point, que je sache, de chercheur qui se soit penché sur son oeuvre, il n'est point, que je sache,de thèse écrite sur lui mais cela viendra sans nul doute.

C'est bien dommage qu'on ne rédige pas de thèses sur les saltimbanques vivants, la coutume veut qu'on parle surtout des morts, pourtant le proverbe dit :
"Si vous avez des roses à me donner, donnez-les moi de mon vivant". Paolo Doss comme vous allez le voir, est bien vivant, il est fait de chair et d'os, il crépite de tout son corps, et de toutes ses dents, sa langue n'est jamais en repos, son corps est en gesticulance.

Paolo Doss dose le rire et ose le tragique, le tendre, le pathétique,ses outils sont les mots, la musique, le grognement, le gloussement, le claquettement, le sifflement, les claquettes ou le "stepett" aux pattes, toutes ses sorties verbales, musicales, tout son "tchatchage"nous entraînent dans le mouvement progressif du plaisir.

Ce voyageur textuel joue de tous les registres, il croit comme moi que les mots sont très sympathiques et gagnent à être connus, il a un accent bien particulier, vous savez bien l'accent, c'est tout un pays qui sort d'une bouche, il roule les R et il n'a pas l'air de le faire exprès.

Il ne peut pas trahir ses origines car il vient d'Italie, il est à lui tout seul une manière " d'Italie qui descendrait l'Escaut" et en plus, à ce que disent ses volubiles biographes, il viendrait aussi de toutes les Egyptes, il serait donc en même temps jocondiaque et pharaonesque.

Un tantinet commedia dell'Arte, à quoi se mêlerait quelque mystère pyramidal. Les prestations de ce multi-ethnique d'origine, originaire de toutes les directions de la rose des vents, ses prestations sont terriblement teintées de belgitude, ses performances tiennent de la magie et de la sortie clownesque. On a dit qu'il était un clone du clown Grock, de Chaplin, de Sol, de Dimitri; tout cela est faux, il est juste le clone de lui-même, il devient simplement ce qu'il est, il est juste attaché à la glèbe de ce pays où le hasard l'a poussé.

Pour les enfants de la nuit, il est l'hirondelle qui annonce le printemps car il joue devant les enfants malades de ces maladies qui vous mettent en joue et vous clouent au lit au moment même où l'enfance ne rêve que de jeux, que de balades, que de sorties pour toucher l'air.