Paolo Doss, pour le meilleur et pour le rire

Des clowns, il en existe de toutes sortes. Des blancs, des tristes, des farceurs... .Des messages, on en colporte chaque jour. Des joyeux, des pas clairs, des neutres et des moins neutres. Quand clown et message se rencontrent, cela donne parfois un curieux mélange.

Paolo Doss (celui qui a tout fait dans l'œuf) est le résultat hybride de ce cocktail. il était ce lundi à Louvain-Ia-Neuve à la ferme au Blocry.Le kot M.S.F. (Médecins sans frontières) l'y avait invité.

Un message clownesque ?.. Faire rire. Rire aux larmes, rire... Peut-être, mais, pas toujours, ou plutôt pas uniquement. Paolo Doss n'est pas un de ces grimés au nez rouge, de ces pailletés aux mille pitreries qui vous lancent leurs grimaçantes farces à la crème. Du clown, il garde un visage tout de blanc maquillé. Du farceur, il emprunte la barbe noire qu'il mêle au blanc du visage. De l'épouvantail, il a l'habit. Un vieux manteau crème quelque peu élimé.

Doss a peu d'accessoires. Une voiture d'enfant, un cube, un journal c'est tout. Son véritable accessoire, c'est cette voix à l'accent indéfinissable. Cette voix qui roule ses mots, comme d'autres roulent leur cigarette. Elle possède cette dextérité qui amène petit à petit, sans même le vouloir, le riré dans la gorge de son public.

Jeux de mots, jeux de mains, mais pas jeux de vilain. Doss entraîne les spectateurs à sa suite. il les mène dans les entrelacs. de son message. Nul ne reste insensible au sens de ces mots tordus (mais seulement pour rire). Du long chemin de la vie à la mise en garde des dangers que devra affronter un bébé (son bébé !), Doss ne fait qu'un pas. Pas question de faire rire pour rire, il faut que ce rire dérange une sensibilité quelconque. 

Qu'il perturbe une tendresse enfouie. . Pas de gestes inutiles dans le répertoire du clown, mais de la dérision. Comment reste insensible à sa façon de montrer les dangers de la science quand elle se pratique sans véritable déontologie ?

Ces grands yeux cerclés de noirs sont empreints de la profondeur des grands cœurs. Les naufragés de notre planète, les oubliés des guerres sans fin, remuent en lui des sentiments d'horreur et d'incompréhension. A chaque récit d'un « médecin sans frontière ", il frémit. Comment les' aider? Comment apporter un soutien à tous ces corps en détresse ? Les « médecins sans frontière» sont un peu les valeureux- chevaliers de ces terres perdues (perdues aux bombes et aux canons). Leur demande d'aide et de soutien ne reste pas lettre morte pour le clown, il offre une tournée de spectacles au profit des médecins de l'impossible. Ses mots message l'ont mené ce lundi à Louvain-la-Neuve, où le kot M.B.F. l'avait invité. Un bref séjour sur le site... trop bref. Trop peu de personnes auront pu profiter de ses mimiques hilarantes. Gageons qu'aujourd'hui même, il propose sa valse des mots à d'autres privilégiés, en pensant à ceux qui le sont moins.

D.S.C.

metadonnées

Presse
dim, 25 Novembre 1990
Source : 
Vers l'avenir (le rappel)