Revue et corrigée, La graine du Pêcher nous propose une approche tendre et spirituelle de la recherche de l'Idéal
Quel est celle ou celui d'entre vous qui n'a jamais rêvé au partenaire parfait? L'être idéal, l'alter ego, cette moitié dont Platon disait que les hommes avaient été séparés dès leur création et qu'ils sont condamnés à retrouver? En remaniant La graine du pêcher, un spectacle qu'il nous avait déjà présenté en 92 et qui avait remporté un succès considérable, l'humoriste-poète Paolo Doss nous invite à nous pencher sur notre propre quête de l'Idéal, de cet Amour avec un grand A qui, pour certains, renvoie à Dieu, pour d'autres, à un être adoré. Au fond, cet Idéal si vainement poursuivi se trouve peut-être tout simplement au fond de chacun d'entre-nous... Cependant, si son personnage de clown n'hésite pas à bousculer les tabous sans vergogne, c'est avec énormément de respect et d'esprit. Il Y a dans son langage cette subtilité qui le rapproche davantage d'un Raymond Devos que d'un Bigard pour faire passer des messages puissamment chargés d'émotion et de réflexion. Ses jeux de mots désopilants et les situations loufoques où il emmène son personnage ne doivent toutefois pas oublier qu'il s'agit-là d'un spectacle 100 % humoristique qui mettra vos zygomatiques à rude épreuve!
Le personnage de ce one-man-show, est donc monsieur tout-le-monde, à la recherche de l'âme soeur. Oh, il n'est pas difficile, voyez-vous. Il faut seulement qu'elle soit mince, avec une taille bien prise et une poitrine avantageuse. Qu'une cascade de cheveux blonds dégoulinent sur la chute de reins affolante. Qu'elle soit drôle, spirituelle et bonne cuisinière. La femme standard, quoi! «Il est vraiment très mal dans sa peau, et cherche le bonheur à travers sa 'moitié'. Pour la trouver, il s'adresse à des agences 'matrimonial', et épluche les petites annonces. Ce qui provoque des moments très drôles quand il tente de déchiffrer les abréviations alambiquées du style 'JF 25 A. Ch. H. cél.comp.dip' Et notre clown d'en conclure' Je ne savais pas que pour trouver sa moitié, il fallait d'abord trouver l'autre moitié des mots!'»
Bouffon
Le malheureux se retrouve victime d'un rendez-vous foireux, devant un musée d'art comptant-pour-rien. Tracassé, il décide alors de faire appel à un sexologue qui lui fait subir les tests que vous imaginez avant de le renvoyer entre les mains d'une psychiatre encore plus névrosée que lui. «Ce n'est pas simple de trouver le ton juste pour aborder ces thèmes. Car il y aura certainement dans la salle des gens dont la solitude est telle qu'ils ont fait appel à ce genre de spécialiste ou même à une agence. Il faut savoir respecter ce choix, mais cela ne signifie pas qu'il n 'y pas tout de même certaines pratiques abusives à dénoncer».
A travers l'humour de Paolo Doss, on retrouve intacte la fonction de bouffon au sens noble du terme, celui qui dénonce, et, par ses pirouettes, ose aborder des thèmes extrêmement délicats. Dans un autre de ses spectacles, il ose ironiser sur le thème de l'insémination artificielle, sans toutefois juger ni verser dans le cynisme. «Par mes pitreries, je mets le public dans un état de réceptivité dans lequel il devient plus perméable aux thèmes évoqués».
par Véronique MAES