Le centre éducatif Saint-Pierre, durement touché par une série de décès, invite le clown-philosophe le 11 mars.
PAOLO DOSS est clown. Un clown qui parle volontiers des profondeurs de l'âme. C'est un clown optimiste qui Vous rappelle « qu'il y a une vie avant la mort ».
Son dernier spectacle aborde un étrange terrain: celui de nos peurs intimes. «Rêve d'ange heureux» peut tout aussi bien se lire «rêve dangereux ». L'art, de Paolo Doss, c'est précisément de partir de ce qui inquiète, tourmente pour en extraire «l'essence-ciel ». Faire sourire; faire rire. Ramener à la lumière Ce qui nous entraînait vers l'obscurité.. .
Clown-philosophe
Fils de patron automobile, publicitaire à ses débuts, l'homme aux origines égyptienne et italienne est devenu clown. Il aurait tout aussi bien pu bifurquer vers la philosophie. On le présente d'ailleurs régulièrement comme le clown philosophe, Pour rire et penser. Pour rire et panser aussi.
Sa scène peut être celle d'un théâtre, d'un chapiteau. Elle est souvent réduite aux quelques mètres carré d'une chambre d'hôpital. Paolo Doss arpente les services. de soins palliatifs, spécialement ceux des enfants.
Le centre en avait besoin
Cet homme-là était donc parfaitement indiqué pour réamorcer l'espérance au centre éducatif Saint-Pierre à Leuze. C'est que l'établissement leuzois a été frappé par une impressionnante série de deuils depuis mai dernier. Il y a eu six morts brutales...
Angélique, une élève asthmatique, est décédée dans son sommeil. Trois parents se sont suicidés, un quatrième a été assassiné. Un jeune prof s'est tué en voiture... C'est peu dire que la communauté est ébranlée. Aucun deuil n'avait le temps d'être accompli que l'on reparlait déjà de mort à l'école.
Françoise Percy, enseignante dans la section «agents d'éducation» et Brigitte Leclercq, la maman d'Angélique ont voulu «faire quelque chose pour les enfants ».
« J'ai mis ma souffrance entre parenthèses et j'ai regardé celle des ami(e)s d'Angélique. Je me suis dit qu'il ne fallait pas laisser seuls ces jeunes de 14-15 ans.» raconte Brigitte Leclercq.
L'établissement a fait ce qu'il fallait: il y a eu des célébrations, des discours, des lettres, les élèves ont pu s'exprimer. «Tout ça était nécessaire, mais on s'est dit qu'il était bon de pouvoir se détendre un peu. Et assumer la difficulté de vivre par un rire.»
Restait à savoir lequel. Car il fallait un rire juste, presque, thérapeutique. A la Ligue des Familles dont est membre Brigitte Leclercq, plusieurs personnes connaissaient Paolo Doss... La rencontre entre le jeune public leuzois et l'artiste s’imposait.
par G.E