Un one-man-show éblouissant
d'un grand clown d'aujourd'hui
Le destin a d'étranges rencontres. Ce « midi de la poésie » débute par un hommage ému à Norge, prononcé par M. Charles Kerremans, président des Midis. Charles Kleinberg dit un extrait du« Chant d'Orphée». «J'ai rêvé d'une ville (...) Puisse ma ville enfanter le poète qui bâtira des villes dans les cœurs.»
Le dernier mot n'est plus tôt tombé, que surgit du rideau le poète appelé par Norge. Grimage de clown, veste dépenaillée, il promène une laisse de chien avec, . au bout, ses souvenirs, sa solitude et son langage qui ne ressemblent à personne sinon à nous tous. Un langage fabriqué dans l'oreille et pour l'oreille à partir des slogans publicitaires, des dictons populaires, des grandes marques à la mode, des jargons sportifs, depuis le foot jusqu'au tennis, les mots de notre vie sociale et privée où se mêlent l'argent, le temps, l'amour, la santé, la vieillesse, la mort. Désespoirs ou « des espoirs au singulier» ?
LES MOTS FUIENT. Dans la bouche et les gestes de Paolo Doss, les mots glissent les uns sur les autres et fuient en se déformant. Mais ils forment ainsi des images, des situations qui reforment en nous un univers différent, une ville dépoussiérée et toute neuve en nos cœurs où la solitude n'existerait plus, où la conscience de la valeur de la vie s'appellerait dignité humaine et partage fraternel. «Je ne suis plus seul. Je suis unique!» Ressemble-t-il à Grock ou à Chaplin, à Popov ou à Dimitri, à Marceau ou à Sol? Il ressemble surtout à lui-même, y compris dans les moments où il semble sortir d'une peinture de vase grec antique pour devenir figurine animée. Un parfait comédien, un clown sans pareil dont l'humour nous juge à travers des mots et des attitudes mentales que nous ne pouvons renier.
Luc NORIN
La Libre Belgique