Le clown et poète Paolo Doss est en tournée avec deux spectacles: Rêves d'ange heureux et Des espoirs au singulier. Rencontre. Il jongle ? Il manipule ? Mais que diable fait-il avec ces mots, Paolo? L'artiste est merveilleux en scène; le personnage est fascinant à la ville. Humoriste ? Comique ? Il se définit plutôt lui-même comme un clown. Drôle de toute façon, cocasse, désopilant, hilarant, burlesque aussi à l'occasion.
« J'ai senti un appel »
« Ça fait maintenant 9 ans et demi que je fais le clown. J'ai travaillé dans une agence de publicité. Mais, un moment donné, je ne me suis plus senti concerné par ce monde-là. J'ai senti un appel. J'ai voulu aller vers le one man show. Je trouve qu'il faut exister en direct. il faut exister tel qu'on est et défendre ses propres idées. "
Et il est devenu « clown d'hôpital ". Avec sa complice Trottinette, il s'efforce de dérider, de soulager les enfants hospitalisés : « Nous les clowns, nous devons redoubler de tendresse vis-à-vis des enfants." C'est une discipline qui demande des années de pratique.
Prendre ce qui est dans son nombril
Comme celle d'ailleurs qui consiste .pour lui à s'adapter à tous les genres de salles qu'il est amené à fréquenter. il tient à mettre une coloration particulière à chaque spectacle. « Une petite ou une grande salle n'empêchent pas de faire passer un message, du moment qu'on l'a dans le cœur. L’homme a besoin d'authenticité. On en a marre de tous ces héros factices. Le clown est éternellement dernier. J'ai envie de crier: aimez-moi, je vous aime.
" Après le spectacle, je vis toujours dans une grosse émotion. Je n'arrive plus à formuler une phrase convenable. Je croule véritablement sous la responsabilité. C'est comme si mon énergie positive passait dans un canon à protons. J'ai besoin du public pour comprendre ce que j'ai écrit.
. " J'essaie de prendre ce qui est dans mon nombril et je le mets à l'extérieur. L'important, c'est de donner son message,' ce qui amène à grandir les personnes. L’homme est infini. "
« Dieu est bon »
Paolo Doss estime que c’est un privilège qu’il vit du pouvoir redonner au clown son aspect social. C'est parce qu'il est un antihéros qu'il va pouvoir apporter un message: aider le public à retrouver le pouvoir de l'être par rapport à l'avoir. Mais par-dessus tout, « On a tous besoin d'aimer. "
« Dieu est bon. Si je veux envoyer un message d'amour, tout s'aplanit. L'important aussi, c'est le choix. Dans la religion, on ne doit pas tout prendre. Dieu m'a laissé le choix et je l'utilise. Quand on n'a pas le choix, on est frustré, donc on consomme, donc on entre dans cette économie de marché.
Mais finalement, je suis très optimiste pour l'avenir de l'humanité. Tout en gardant l'humilité, il faut tendre la force vitale qu'on a en soi pour arriver quelque part. Dans la Bible, on trouve d'ailleurs cette phrase: il sera fait selon ta foi. "
C'est vrai qu'on lui sent une grande foi dans l'avenir, Paolo. Et il a choisi l'humour et l'émotion pour faire passer son message. Même si pour lui son futur pourrait avoir une coloration un peu inattendue: « Je pense devenir berger. Terminer ma vie à regarder le temps passer... »
par Jean Louis ZELER